EN:
“How does one speak without giving orders, without claiming to represent something or someone, how does one get those who don’t have the right to speak, and restore to sounds their value of a struggle against power? By being a foreigner in one’s own language, marking a sort of vanishing trace of language” – Gilles Deleuze `Trois questions sur Six Fois Deux’ in: Cahiers du Cinéma, no. 271 (November 1976)
Conceived to combine actual and historical pieces relating to the voice in contemporary art with in-situ creations, VOLLEVOX has programmed 18 projects in theaters and museums in Brussels and Montreal since November 2003.
The specificity of this multimedia project - initiated from a visual art perspective - is that it creates a tension between audio-visual mediums and performance. Through the use of spoken language, the artists create or show work that touches upon the multiplicity of language and the expressive quality of the voice; fundamental tools for communication in all cultures.
A characteristic of the works involved in VOLLEVOX is that they address the public as an active part of the process of action. Performance, video or sound installations that abstract the sound of the voice require greater participation from the public, in a sense because the narrative originates more from the imagination. The political dimension of the selected works is related to the mix of different languages whereas the emotional impact is linked to the inherent qualities of the voice. Encompassing music, literature, graphic arts, video or cinema, these works testify, in a diverse manner, to a transversal research into contemporary art, which offers a re-reading of twentieth century art history.
VOLLEVOX has presented historical pieces such as Kurt Schwitters’ ‘Ursunate’, dj’ing of ‘Lettrist’ works, videos from VALIE EXPORT, Lawrence Weiner, Samuel Beckett and sound pieces by Isidore Isou and Marcel Broodthaers. As a testimony to the continuing relevance of past interventions KOMPLOT screened an interview they recorded with Vito Acconci.
The performative aspect of VOLLEVOX can consist of readings accompanied by images or sound, such as Dominique Thirions’ homage to James Lee Byars’ piece at the Belgian national museum which took the form of a fictive past performance. Videos and sound pieces of VOLLEVOX (e.g. Sven Augustijnen, Jean-Philippe Convert, Messieurs Delmotte, Dora Garcia, Rodney Graham, Sophie Nys, Dominique Petitgand, Ivo Provoost & Simona Denicolai, Mark Vernon) mostly deal with the relationship between the voice and language within the institutional space.
These works, by mainly Belgian and French artists, talks about abstract and conceptual issues of tradition and form. The pretext of this nomadic exhibition, evolving through encounters in new geographical contexts, plus the subject of orality created unexpected links between artistic disciplines and linguistic communities.
VOLLEVOX 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 10, 12, 13, 14, 16, 17: Petit théâtre Mercelis, Brussels
VOLLEVOX 7: Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique / Musée d'art moderne, Brussels
VOLLEVOX 9: Dexia Art Center, Brussels
VOLLEVOX 11: Raffinerie du Plan K, JAP, Brussels
VOLLEVOX 15: Salla Rosa / Le Vidéographe, Montréal
VOLLEVOX 18: Halles de Schaerbeek, Brussels
Sound compilation from VOLLEVOX:
Sound abstract from the audiovisual performance by Jacques André
FR:
Vollevox entend, sans prétentions théoriques, présenter un choix d’œuvres dans lesquelles l’expression orale est prédominante. La plupart de ces œuvres ont pour support la vidéo, le son et la performance. En effet, depuis les années 60, ces médiums sont essentiels pour les artistes qui abordent la narration et la temporalité par l’intermédiaire du corps et donc de la voix. Au-delà du documentaire ou de la fiction, ils ont permis de libérer les formes du récit; quant à la performance, elle est un moyen direct de faire réagir un public aux gestes du corps.
Paul Zumthor distingue quatre formes d’oralité : Une oralité « primaire » ou « immédiate », propre aux sociétés sans contact avec l’écriture et de ce fait étrangères au monde contemporain ; Une oralité coexistant avec l’écriture de deux façons différentes : l’une « mixte » quand l’influence de l’écrit lui est externe, comme dans l’analphabétisme, et l’autre dite « seconde » où l’écriture est l’élément structurant, même dans l’usage courant de la parole et dans l’imaginaire comme c’est le cas de nos cultures occidentales ; enfin, une oralité mécaniquement « médiatisée » comme on la retrouve dans les cultures de masse où les médias sont prédominants – du téléphone à la radio, en passant par le disque et la télévision. Il va sans dire que l’oralité primaire, immédiate, où la voix s’exprime dans la pureté absolue d’une présence, sans passer par la trace, l’écriture ou le média, n’existe plus et n’a peut-être jamais existé.
Au-delà cette oralité mécaniquement « médiatisée », le langage s’affirme dans la création contemporaine comme matière constituante de l’imaginaire. La position centrale de l’oralité dans notre expérience humaine de soi et des autres s’illustre dans ses nombreux modes d’expression : la confession, la confidence, le monologue, le dialogue, le chant, le conte, etc.
Dans Vollevox, la parole est donc abordée comme mode de communication et d’expression individuel et collectif. Que ce soit à travers la codification linguistique des différentes langues et des identifications communautaires qui en découlent ou à travers les expressions d’une oralité musicale (« le grain de la voix » de Roland Barthes), il s’agit de souligner différentes pratiques de l’oralité dans ses composantes expressives et politiques.
En ce sens, il nous semble essentiel de réaffirmer le rôle de l’oralité dans l’art aujourd’hui et de le remettre dans une perspective historique. Des avant-gardes historiques à l’art conceptuel, l’importance de l’écrit n’a cessé d’être valorisée à travers de nombreuses expositions et publications. Alors que la parole qui est utilisée comme élément de renouvellement des formes artistiques depuis le début du 20ème siècle, reste cantonnée dans une certaine confidentialité.
Si Mallarmé et Rimbaud sont les précurseurs de la poésie visuelle, les avant-gardes du 20ème siècle ont prolongé cette expérience rythmique dans la voix. A la suite des Futuristes, Hugo Ball joue sa pièce sonore Karawan au Cabaret Voltaire en 1916, Kurt Schwitters interprète sa Ursonate dès 1924. Dans la lignée des dadaïstes, des artistes français lancent dans les années 50 le mouvement lettriste qui donnera lieu, suite à une sission, au Situationnisme.
Cette généalogie marquée par une utilisation poétique et musicale de la langue correspond à une certaine vision de l’art qui influencera les conceptuels de tout bord dès les années soixante. Elle se poursuivra auprès des artistes qui travaillent le langage parlé comme une forme d’énonciation narrative et auditive. De Marcel Duchamp à Martha Rosler, les formes linguistiques verront leur fonction instrumentale réappropriée par un discours de déconstruction et d’expression sonore.
Convoquant la musique, la littérature, les arts plastiques et le cinéma, les œuvres basées sur la sonorité vocale sont emblématiques d’une recherche transversale dans l’art contemporain. Dans ce sens, Vollevox est un projet qui d’une part, permet de revisiter une certaine histoire de l’art et d’autre part, appelle les artistes de différentes disciplines à collaborer.
VOLLEVOX #8, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, dans le cadre du festival Maïs
INSTALLATIONS ET PERFORMANCES SONORES AU MUSÉE D’ART MODERNE
17 octobre – 19 décembre 2004
Toutes les oeuvres présentées au musée sont sonores et non visuelles. Il s’agit de la première intervention de ce type au Musée d’Art moderne. Elle est conçue comme une infiltration du musée par des sons de voix audibles, diffusées par haut-parleurs ou casques individuels.
Ivo Provoost et Simona Denicolai (It/B), Nobody, performance le 17 octobre 2004 à 15h et rediffusion sonore chaque jour à 16h45 pendant l’exposition.
Par exemple le ver de terre, et plus particulièrement sa relation avec son contexte. Le ver de terre avale son contexte, le digère et le défèque pour survivre et pour évoluer dans son environnement.
Hallo ? Pronto ? Hello ? Allô ?
Freedom of speech ?
( nobody )
Agence / Agentschap / Agency (B), Usages de l’art, audio guides interactifs disponibles à l'entrée du Musée d’art moderne chaque mercredi et samedi, durant l’exposition.
Agence-Audio fait partie de Agence créée en 1992. Agence est liée à l’identité de la non-identité. Partie prenante de réseaux sociaux, elle est donc à la fois fictive et réelle. D’un point de vue juridique, une agence est une relation de confiance entre plusieurs personnes. L’agent joue le rôle d’intermédiaire entre plusieurs parties. Agence examine l’identité dans une société d’informations où les produits ne se distinguent plus des services. Par la transformabilité de l’information, la production est devenue intimement mélangée à la distribution et à la consommation. Agence-Audio et son mode d’emploi proposent au public des musées, des galeries, des expositions, des tours, des parcs… une méthode permettant de participer à la discussion sur l’identité.
Le musée en tant qu’institution est un instrument de gestion sociale aux activités diverses qui tente de faire apprécier l’art à un plus large public. Des visiteurs non-initiés sont informés par une communication améliorée, avec, société de communication oblige, des moyens souvent audiovisuels tels que des guides audio. Agence-Audio propose d’améliorer l’échange des informations par la piste audio personnelle. Celle-ci permet aux utilisateurs d’enregistrer et de lire un guide audio ou une bande sonore. Enregistrer: l’utilisateur ajoute de l’information en enregistrant le témoignage de sa façon d’utiliser le musée, de commenter la collection, l’exposition, l’immeuble, la décoration… Toute langue ou son sont permis. Lecture: l’utilisateur puise de l’information de la piste audio personnelle en écoutant la bande de quelqu’un d’autre.
Ce système fut initialement mis en place pour l’exposition Deux heures de large ou deux heures de long au Koninklijk Museum voor Schone Kunsten d’Anvers en 1999.
Dominique Thirion (B 1962), Le parfait fantôme ... est invisible, performance de 5 minutes le 17 octobre 2004 à 15 heures dans l'escalier reliant les sections 19ème et 20ème siècle. Diffusion sonore pendant l'exposition.
Find me a lonely cave du compositeur anglais John Eccles (1688-1735) est interprété par la mezzo soprano Hanna Bardos-Féltoronyi, en résonance avec l'oeuvre de James Lee Byars. Huit personnes convergent vers l'escalier reliant les sections 19ème et 20ème siècle, où est exposé The thinking cap op J.L. Byars et s'y installent. Sept d'entre elles tiennent un livre blanc...
Ne pas laisser de traces de son passage dans le monde. En Chine, il y a longtemps, les taoïstes allaient jusqu'à balayer derrière eux la trace de leurs pas sur les chemins. Pourquoi l'artiste devrait-il laisser une trace, des oeuvres? encombrer le monde d'objets? Pourquoi ne pas créer de l'éphémère qui disparaît à peine crée, qui se balaye derrière soi?
Dominique Thirion
PERFECT IS MY DEATHWORD James Lee Byars
Dora Garcia (E), Le Sphinx, 2004, performance dans le musée, tous les vendredis et samedi. Une jeune femme pose trois questions à des visiteurs du musée, jusqu’au moment où quelqu’un répond correctement aux trois questions. Elle quitte alors le lieu pour revenir le lendemain poser trois autres questions. Si elle ne trouve personne, les mêmes questions sont reposées le jour suivant. Le Sphinx se ballade dans tout le musée pour trouver ses interlocuteurs. Avant de les quitter, elle se fait photographier avec les visiteurs qui trouvent les bonnes réponses. L’ensemble des images est envoyé aux visiteurs gagnants à la fin de l’exposition. Dans la mythologie grecque, le Sphinx est un monstre fabuleux, lion ailé à tête et buste de femme, qui tuait les voyageurs quand ils ne résolvaient pas l’énigme qu’il leur proposait.
Kristin Oppenheim (USA), Tickle, 1997, 2' 27'', pièce sonore en boucle dans le couloir reliant le Musée d'art moderne au Musée d'art ancien.
Kristin Oppenheim utilise la voix comme un élément sculptural musical qui permet la rencontre de manière sombre et ludique. La vulnérabilité de la voix s'abîme dans le message qu'elle confère aux visiteurs. Un appel, l'évocation d'un événement passé, les messages de Kristin Oppenheim sont précis et atemporels. Ici, des voix d'enfants résonneront tout au long du tunnel reliant les salles du Musée d'art moderne à celles du Musée d'art ancien, comme un choeur de voix off, une présence immatérielle dans l'espace public.
Ann Veronica Janssens (B), Puff, 2004, pièce sonore pour écouteurs
Anne Veronica Janssens qui a eu sa première exposition personnelle dans ce musée en 1989, présente une pièce sonore à base de voix dans l'espace devant le grand ascenseur du Musée d'art moderne. L'oeuvre in situ présentée sur casques d'écoute constitue un écho, un commentaire indirect sur les oeuvres environnantes. En 2002, les Musées royaux des Beaux-Arts ont acquis, L'Espace infini, 1999, oeuvre qui est présentée en permanence au niveau -8.
Dominique Petitgand (F), Quant-à-soi (traduite), 2004, installation sonore pour l’ascenseur de la section 20ème. Cet ascenseur se présente comme un salon qui s’élève et descend à la guise des visiteurs. L’ascenseur est tellement vaste et confortable qu’il devient une salle d’écoute ambulante. Le son de cet ascenseur est la base de la composition sonore qui y prendra place. Les textes seront en français et en néerlandais.